décembre 22, 2024

General Motors abandonne Cruise : un coup dur pour les robotaxis aux États-Unis

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Pendant plus d’un an après l’interruption du service de robotaxis de Cruise, les dirigeants de General Motors (GM) ont maintenu le même discours : les robotaxis de Cruise reviendront bientôt dans les rues ; GM reste engagé envers sa filiale.

C’est donc une surprise lorsque, mardi dernier, GM a brusquement changé de position en annonçant l’arrêt du financement du service de robotaxis de Cruise. Le constructeur automobile a décidé d’intégrer les ingénieurs techniques de la startup au sein de ses équipes pour concentrer leurs efforts sur le développement de technologies de conduite autonome destinées aux véhicules vendus directement aux consommateurs.

Une décision motivée par le coût et la concurrence

Lors d’un appel avec des analystes, la PDG de GM, Mary Barra, a évoqué le « temps et les coûts » nécessaires pour développer davantage le service de robotaxis. Elle a également cité la concurrence accrue, bien que Cruise ne compte aujourd’hui qu’un seul véritable concurrent majeur : Waymo, filiale d’Alphabet, qui propose des services de robotaxis à Los Angeles, Phoenix et San Francisco, et prévoit de s’étendre à Miami, Austin et Atlanta.

Cependant, il est difficile d’ignorer l’accident très médiatisé survenu à San Francisco en 2023, qui a conduit GM à suspendre temporairement les opérations de Cruise. Cet incident, qui a immobilisé le service pendant plus d’un an, souligne les nombreux défis auxquels sont confrontées les entreprises cherchant à dominer le marché encore naissant des robotaxis.

Un pari technologique coûteux

Pour les constructeurs automobiles, le développement de technologies complexes de conduite autonome et la gestion d’une flotte de robotaxis sur la voie publique se sont avérés être des tâches monumentales. GM rejoint désormais des entreprises comme Ford et Volkswagen, qui ont elles aussi abandonné leurs projets ambitieux dans ce domaine après y avoir investi des milliards.

Aujourd’hui, Tesla reste le seul constructeur automobile américain à poursuivre la course aux robotaxis, aux côtés de géants technologiques comme Alphabet et Amazon ainsi que de plusieurs concurrents chinois. Cependant, l’abandon des robotaxis soulève des questions sur l’avenir des constructeurs traditionnels comme GM, qui misent désormais sur l’intégration de la conduite autonome dans les voitures particulières. Cette réorientation pourrait modifier leurs modèles économiques.

« Beaucoup d’incertitudes »

À son lancement, Cruise représentait le symbole technologique qui devait transformer GM, valorisé à 57 milliards de dollars, d’un constructeur automobile traditionnel en un concurrent sérieux de Tesla dans l’ère nouvelle de l’automobile. Pendant un temps, l’espoir semblait justifié : Cruise a été la première entreprise à lancer un service de transport payant à San Francisco et comptait jusqu’à 4 000 employés répartis à Seattle, Phoenix, Austin, Dubaï et au Japon.

Cependant, le projet n’a jamais été économique. GM a déboursé un milliard de dollars pour acquérir la startup en 2016, alors qu’elle ne comptait qu’une cinquantaine d’employés, avant d’investir plus de 10 milliards de dollars supplémentaires au cours des neuf années suivantes. Car même si les robotaxis sont autonomes, ils nécessitent une armée de travailleurs pour assurer le service, y compris des sous-traitants chargés de gérer les véhicules, de réparer les dommages ou encore d’intervenir à distance en cas de blocage.

Avec l’abandon de Cruise, GM entame un virage stratégique crucial. Reste à voir si cette nouvelle direction permettra au géant américain de rester compétitif dans un secteur de l’automobile en pleine mutation.