avril 20, 2024

Covid-19 : faut-il faire une croix sur l’immunité collective ?

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Longtemps brandie comme l’objectif pour sortir de l’épidémie, l’immunité collective semble difficilement atteignable face au variant Delta. Mais la vaccination protège contre les formes graves du Covid-19 et permet de réduire la pression sur l’hôpital, rappellent les experts interrogés.

L’immunité collective serait-elle finalement un « mirage » ? C’est en tout cas ce qu’a lancé le professeur Andrew Pollard, directeur du groupe de recherche Oxford Vaccine Group, devant les parlementaires britanniques, le 10 août dernier, rapporte le Guardian*. Aussi appelé immunité de groupe, ce phénomène de sortie de la pandémie par l’immunisation naturelle ou vaccinale d’une partie suffisante de la population a longtemps été l’objectif affiché pour sortir de la crise sanitaire. Après un faux départ du Royaume-Uni et des Pays-Bas au tout début de la pandémie, désireux de l’acquérir en laissant circuler le virus malgré un coût humain important, la vaccination galopante l’avait rendu envisageable.

« Il nous faut atteindre, vous le savez, l’immunité collective », établissait lui-même Olivier Véran le 20 juillet sur RTL, tandis qu’en août, le ministère de la Santé justifiait l’obligation vaccinale des soignants, là aussi, pour y parvenir « au plus vite ». Depuis, toutefois, cet objectif a été remis en cause par la diffusion du variant Delta davantage transmissible et échappant partiellement à l’immunité naturelle ou vaccinale, et par la mobilisation persistante d’opposants aux mesures sanitaires. Faut-il pour autant abandonner l’idée d’une immunité collective ? L’immunité collective répond à un principe logique : « Une épidémie s’arrête à partir du moment où une personne infectée infecte moins d’une personne en moyenne », décrit le vaccinologue Daniel Floret à franceinfo. Mais pour parvenir à cela, il faut prendre en compte le degré de contagiosité du virus. Plus exactement, le nombre de reproduction de base du virus, aussi appelé R0, qui correspond au nombre de personnes infectées en moyenne par une personne porteuse du virus.

« Plus le virus est contagieux, plus il se diffuse rapidement et plus il faut un niveau d’immunité élevé au sein de la population » pour atteindre l’immunité de groupe, explique Daniel Floret. Pour identifier ce seuil, une formule existe : 1-(1/R0). Avec un R0 égal à 3 comme pour la souche d’origine du Sars-CoV-2, il est donc nécessaire que deux tiers de la population soient protégés pour parvenir à l’immunité collective. « Mais cela suppose que la population soit homogène, or la contagiosité n’est pas la même en fonction de l’âge, et cela dépend aussi des liens sociaux », nuance Daniel Floret.

Dans ces conditions théoriques, une personne infectée serait donc entourée d’assez de personnes armées contre le virus pour ne pas contaminer plusieurs personnes. « Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de cas sporadiques, mais il y en a si peu qu’on se trouve dans ce cas en dessous du seuil épidémique. C’est comme pour la grippe, par exemple, qui ne disparaît pas totalement chaque été », explicite Frédéric Altare, immunologiste et directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Un espoir pour sortir de la pandémie.

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